Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/268

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ment, de bas en haut, par leur mouvement propre et conformément à leurs réels intérêts, mais jamais d’après un plan tracé d’avance et imposé aux masses ignorantes par quelques intelligences supérieures.

Les socialistes révolutionnaires pensent qu’il y a beaucoup plus de raison pratique et d’esprit dans les aspirations instinctives et dans les besoins réels des masses populaires que dans l’intelligence profonde de tous ces docteurs et tuteurs de l’humanité qui, à tant de tentatives manquées pour la rendre heureuse, prétendent encore ajouter leurs efforts. Les socialistes révolutionnaires pensent, au contraire, que l’humanité s’est laissé assez longtemps, trop longtemps, gouverner, et que la source de ses malheurs ne réside pas dans telle ou telle forme de gouvernement, mais dans le principe et dans le fait même du gouvernement quel qu’il soit.

C’est enfin la contradiction, devenue déjà historique, qui existe entre le communisme scientifiquement développé par l’école allemande et accepté en partie par les socialistes américains et anglais, d’un côté, et le proudhonisme largement développé et poussé jusqu’à ses dernières conséquences, de l’autre, accepté par le prolétariat des pays latins[1].

Le socialisme révolutionnaire vient de tenter une première manifestation éclatante et pratique dans la Commune de Paris.

  1. Il est également accepté et il le sera toujours davantage par l’instinct essentiellement anti-politique des peuples slaves. (Note de Bakounine.)