Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/271

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La Commune de Paris a duré trop peu de temps, et elle a été trop empêchée dans son développement intérieur par la lutte mortelle qu’elle a dû soutenir contre la réaction de Versailles, pour qu’elle ait pu, je ne dis pas même appliquer, mais élaborer théoriquement son programme socialiste. D’ailleurs, il faut bien le reconnaître, la majorité des membres de la Commune n’étaient pas proprement socialistes, et, s’ils se sont montrés tels, c’est qu’ils ont été invinciblement entraînés par la force irrésistible des choses, par la nature de leur milieu, par les nécessités de leur position, et non par leur conviction intime. Les socialistes, à la tête desquels se place naturellement notre ami Varlin, ne formaient dans la Commune qu’une très infime minorité ; ils n’étaient tout au plus que quatorze ou quinze membres. Le reste était composé de Jacobins. Mais entendons-nous, il y a Jacobins et Jacobins. Il y a les Jacobins avocats et doctrinaires, comme M. Gambetta, dont le républicanisme positiviste[1], présomptueux, despotique et formaliste, ayant répudié l’antique foi révolutionnaire et n’ayant conservé du jacobinisme que le culte de l’unité et de l’autorité, a livré la France populaire aux Prussiens, et plus tard à la réaction indigène ; et il y a les Jacobins franchement révolutionnaires, les héros, les derniers représentants sincères de la foi démocratique

  1. Voir sa lettre à Littré dans le Progrès de Lyon. (Note de Bakounine.)