Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/280

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sement réel de la société ; après quoi seulement elle peut et doit s’organiser d’une autre manière, mais non pas de haut en bas et d’après un plan idéal, rêvé par quelques sages ou savants, ou bien, à coups de décrets lancés par quelque force dictatoriale ou même par une assemblée nationale, élue par le suffrage universel. Un tel système, comme je l’ai déjà dit, mènerait inévitablement à la création d’un nouvel État, et conséquemment à la formation d’une aristocratie gouvernementale, c’est-à-dire d’une classe entière de gens n’ayant rien de commun avec la masse du peuple, et, certes, cette classe recommencerait à l’exploiter et à l’assujettir sous prétexte de bonheur commun ou pour sauver l’État.

La future organisation sociale doit être faite seulement de bas en haut, par la libre association et fédération des travailleurs, dans les associations d’abord, puis dans les communes, dans les régions, dans les nations, et, finalement, dans une grande fédération internationale et universelle. C’est alors seulement que se réalisera le vrai et vivifiant ordre de la liberté et du bonheur général, cet ordre qui, loin de renier, affirme au contraire et met d’accord les intérêts des individus et de la société.

On dit que l’accord et la solidarité universelle des intérêts des individus et de la société ne pourra jamais se réaliser de fait, parce que ces intérêts, étant contradictoires, ne sont pas à même de se contrebalancer d’eux-mêmes ou bien d’arriver à une entente quelconque. À une telle objection je répon-