Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/320

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ront entraîner jusqu’à baiser, pour ne point dire autre chose, la pantoufle du pape, ce chef spirituel, ce bénisseur et cet inspirateur consacré de toutes les absurdités, de toutes les iniquités, de toutes les férocités, de toutes les infamies et les turpitudes qui s’étalent aujourd’hui de nouveau triomphalement dans le monde.

Ils iront donc à la messe, mais ils iront à contrecœur ; ils auront honte d’eux-mêmes, et voilà ce qui constitue leur faiblesse relative vis-à-vis de la bourgeoisie rurale de France, et ce qui leur donnera, par rapport à celle-ci, une position désormais nécessairement inférieure, non seulement dans les choses de la religion, mais encore dans les affaires politiques. Il est vrai que le cynisme des bourgeois, stimulé par la lâcheté et par la cupidité, va très loin. Mais quelque cynique qu’on soit, on ne parvient |21 jamais à oublier complètement son passé. À défaut de la conscience du cœur, on conserve la conscience et la pudeur de l’intelligence. Tel bourgeois consentira bien à passer pour un coquin ; il s’en glorifiera même, car il est des milieux et des époques où la canaillerie audacieuse est un titre de gloire ; mais il se résignera difficilement à passer pour un nigaud. Il voudra donc s’expliquer, et, comme il n’y a point d’explication pour la sottise doublée de lâcheté, il s’embarrassera et s’entortillera dans des raisonnements inextricables. Il se sentira méprisé, il se méprisera lui-même, et ce n’est jamais avec un pareil sentiment qu’on devient fort. Son intelli-