Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/33

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en outre systématiquement maintenus par les gou |88 vernements et par toutes les Églises, officielles ou officieuses, de l’État dans une ignorance crasse. Les paysans constituent aujourd’hui la base principale, presque unique, sur laquelle sont assises la sécurité et la puissance des États. Ils sont donc de la part de tous les gouvernements l’objet d’une attention toute particulière. On travaille systématiquement leur esprit pour y cultiver les fleurs si délicates de la foi chrétienne et de la fidélité au souverain, et pour y semer les plantes salutaires de la haine contre les villes. Malgré tout cela, les paysans, comme je l’ai expliqué ailleurs, peuvent être soulevés et seront soulevés tôt ou tard par la révolution sociale ; et cela pour ces trois simples raisons : 1° À cause même de leur civilisation si peu avancée ou de leur barbarie relative, ils ont conservé dans toute son intégrité le tempérament simple, robuste et toute l’énergie de la nature populaire ; 2° Ils vivent du travail de leurs bras et sont moralisés par ce travail, qui nourrit en eux une haine instinctive contre tous les fainéants privilégiés de l’État, contre tous les exploiteurs du travail ; 3° Enfin, travailleurs eux-mêmes, ils ne sont séparés des travailleurs des villes que par des préjugés, non par des intérêts. Un grand mouvement réellement socialiste et révolutionnaire pourra les étonner d’abord, mais leur instinct et leur bon sens naturel leur feront comprendre bientôt qu’il ne s’agit pas du tout de les spolier, mais de faire triompher et d’établir par-