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Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/341

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En attendant cette revanche, continuons nos études historiques sur le développement du parti de l’ordre en France.

Produit du suffrage universel, il se manifesta pour la première fois, dans son vrai caractère, en 1848, et notamment après les journées de Juin. On sait qu’au lendemain de la révolution de Février, il se passa en France un fait très singulier. Il n’y avait plus de partisans de la monarchie, tous étaient devenus des républicains dévoués et zélés. Les hommes les plus rétrogrades, les plus compromis et les plus tarés dans le service de la réaction monarchique, de la police et de la répression militaire, jurèrent que le fond de leur pensée avait toujours été républicain. Depuis M. Émile de Girardin jusqu’au maréchal Bugeaud, sans oublier le marquis de la Rochejaquelein, ce représentant si chevaleresque de la loyauté vendéenne, devenu plus tard sénateur de l’Empire, même jusqu’aux généraux aides de camp du roi si honteusement expulsé, tous offrirent leurs |41 services à la République. M. Émile de Girardin lui apporta généreusement « une idée par jour », et M. Thiers prononça le mot devenu si français : « La République est ce qui nous divise le moins » ; ce qui n’empêcha naturellement ni l’un ni l’autre, plus tard, d’unir leurs intrigues contre cette forme de gouvernement et de conspirer pour la présidence de Louis Bonaparte. L’Église elle-même bénit la République ; que dis-je ? elle en célébra le triomphe comme sa propre victoire : « La doctrine