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Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/362

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deux camps. D’un côté il n’y a à proprement parler que la seule Allemagne ; de l’autre, il y a, à des degrés différents, l’Italie, l’Espagne, le Jura suisse, une grande partie de la France, la Belgique, la Hollande, et dans un avenir très prochain les peuples slaves. Ces deux tendances se sont heurtées au Congrès de la Haye, et, grâce à la grande habileté de M. Marx, grâce à l’organisation tout à fait artificielle de son dernier Congrès, la tendance germanique a vaincu.

Est-ce à dire que la terrible question ait été résolue ? Elle n’a pas même été proprement discutée ; la majorité ayant voté comme un régiment bien dressé, elle a écrasé toute discussion sous son vote. La contradiction existe donc plus vive et plus menaçante que jamais, et M. Marx lui-même, malgré tous les enivrements du triomphe, ne s’imagine sans doute pas qu’il puisse en être quitte à si bon marché. Et si même il a pu concevoir un moment une si folle espérance, la protestation solidaire des délégués jurassiens, espagnols, belges et hollandais (sans parler de l’Italie qui n’a pas même daigné envoyer ses délégués à ce Congrès trop ostensiblement falsifié), cette protestation si modérée dans la forme, mais d’autant plus énergique et significative dans le fond, a dû vite le désabuser.

Cette protestation elle-même n’est évidemment qu’un très faible avant-coureur de l’opposition formidable qui va éclater dans tous les pays vraiment pénétrés du principe et de la passion de la révolution