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Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/371

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mêmes. Et c’est précisément cette dictature en France que M. Marx, en vrai Allemand qu’il est, convoite plus que toute autre chose, beaucoup plus même que la dictature en Allemagne.

Les Allemands auront beau remporter des succès matériels ou même politiques sur la France, moralement, socialement ils se sentiront toujours inférieurs. Ce sentiment invincible d’infériorité est la source éternelle de toutes les jalousies, de toutes les animosités, mais aussi de toutes les convoitises brutales ou masquées qu’excite en eux ce seul nom de la France. Un Allemand ne se croit pas assez recommandé au monde tant que sa réputation, sa gloire, son nom n’ont pas été acceptés par la France. Être reconnu par l’opinion publique de cette nation et surtout par celle de Paris, telle a été de tout temps la pensée ardente et secrète de tous les Allemands illustres. Et gouverner la France, et par la France l’opinion du monde entier, quelle gloire et surtout quelle puissance !

M. Marx est un Allemand par trop intelligent, mais aussi par trop vaniteux et par trop ambitieux, pour ne l’avoir pas compris. Aussi n’y a-t-il point de coquetterie dont il n’ait usé pour se faire accepter par l’opinion révolutionnaire et socialiste de la France. Il paraît qu’il y a réussi en partie, puisque les blanquistes, poussés d’ailleurs par leur propre ambition qui leur faisait rechercher l’alliance de ce prétendant à la dictature dans l’Internationale, s’y sont laissé prendre d’abord ; grâce à sa protection