Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/391

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notre programme. Ils nous reprochent seulement de vouloir hâter, devancer la marche lente de l’histoire, et de méconnaître la loi positive des évolutions successives. Ayant eu le courage tout allemand de proclamer, dans leurs ouvrages consacrés à l’analyse philosophique du passé, que la défaite sanglante des paysans révoltés de l’Allemagne et le triomphe des États despotiques au seizième siècle avait constitué un grand progrès révolutionnaire, ils ont aujourd’hui celui de se contenter de l’établissement d’un nouveau despotisme au profit soi-disant des ouvriers des villes et au détriment des travailleurs des campagnes.

|27 C’est toujours le même tempérament allemand et la même logique qui les conduisent directement, fatalement, dans ce que nous appelons le socialisme bourgeois, et à la conclusion d’un pacte politique nouveau entre la bourgeoisie radicale ou forcée de se faire telle, et la minorité intelligente, respectable, c’est-à-dire dûment embourgeoisée, du prolétariat des villes, à l’exclusion et au détriment de la masse du prolétariat non seulement des campagnes, mais des villes.

Tel est le vrai sens des candidatures ouvrières aux parlements des États existants, et celui de la conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière. Car même au point de vue du prolétariat des villes seulement, au profit exclusif duquel on veut s’emparer du pouvoir politique, n’est-il pas clair que la nature populaire de ce pouvoir ne sera jamais qu’une