Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/42

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Imaginez-vous la Prusse, l’Allemagne de Bismarck, au lieu de la France de 1793, au lieu de cette France dont nous avons tous attendu, dont nous attendons encore aujourd’hui l’initiative de la Révolution sociale !

Le monde est tellement habitué à suivre l’initiative de la France, à la voir marcher toujours audacieusement en avant, qu’aujourd’hui encore, au moment où elle semble perdue, écrasée par d’innombrables armées, et trahie par tous ses pouvoirs officiels, aussi bien que par l’impuissance et par l’imbécillité évidente de tous ses républicains bourgeois, le monde, toutes les nations de l’Europe, étonnées, inquiètes, consternées de sa déchéance apparente, attendent encore d’elle leur salut. Elles attendent qu’elle leur donne le signe de la délivrance, le mot d’ordre, l’exemple. Tous les yeux sont tournés, non sur Mac-Mahon ou Bazaine, mais sur Paris, sur Lyon, sur Marseille. Les révolutionnaires de toute l’Europe ne bougeront que quand la France bougera.

Le parti ouvrier de la démocratie socialiste de cette grande nation germanique qui semble avoir envoyé à cette heure tous les enfants de sa noblesse et de sa bourgeoisie pour envahir la France populaire ; ce parti auquel il faut rendre cette justice, bien méritée, qu’au début même de la guerre, au milieu de l’enthousiasme guerrier de toute l’Allemagne nobiliaire ou bourgeoise, il a courageusement protesté contre l’envahissement de la France,