Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/463

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nuels, forme déjà le noyau d’une force politique franchement populaire et tellement respectable |35 que les ministres de Sa Majesté la reine eux-mêmes se voient déjà obligés de compter et de parlementer avec elle.

Cela constitue un fait exceptionnel, mais patent, un fait dont il m’est impossible de nier l’importance, tout contraire qu’il soit à mes idées générales. Il est bien d’autres faits encore qui se produisent dans ce même pays et d’une manière si sérieuse qu’on est bien forcé de les accepter ou de les prendre au moins en considération très sérieuse, quoique, en apparence d’ailleurs beaucoup plus qu’en réalité, ils se trouvent en opposition complète avec le développement logique des idées. Telle est par exemple la tendance manifeste du prolétariat anglais à l’établissement d’un État communiste, banquier unique, et unique propriétaire de la terre qu’il administrera en souverain au nom du peuple entier, et qu’il fera cultiver, comme nous l’a expliqué au Congrès de Bâle un délégué anglais[1], membre du ci-devant Conseil général de Londres, par les ouvriers agricoles, sous la direction immédiate de ses ingénieurs.

Tâchons de nous expliquer cette contradiction apparente d’un peuple si jaloux de ses droits et qui attend son émancipation de la puissance de l’État. Il n’existe que deux grands pays dans le monde où le peuple jouisse réellement de la liberté et de la

  1. C’est B. Lucraft, chaisier, délégué de l’Association des chaisiers de Londres. — J. G.