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Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/479

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pas voulu, n’a pas pu s’arrêter à la Réformation. Elle a préféré rester catholique jusqu’au moment où elle pourrait proclamer l’athéisme ; et c’est à cause de cela qu’elle a supporté avec une résignation si parfaite, si chrétienne, et les horreurs de la Saint-Barthélemy et la tyrannie non moins abominable des exécuteurs de la révocation de l’édit de Nantes. »

Ces patriotes estimables semblent ne point vouloir considérer une chose. C’est qu’un peuple qui, sous quelque prétexte que ce soit, souffre la tyrannie, perd nécessairement à la longue l’habitude salutaire de se révolter et jusqu’à l’instinct même de la révolte. Il perd le sentiment de la liberté, et la volonté, l’habitude d’être libre, et, une fois qu’un peuple a perdu tout cela, il devient nécessairement, non-seulement |45 par ses conditions extérieures, mais intérieurement, dans l’essence même de son être, un peuple esclave. C’est parce que le protestantisme a été défait en France que le peuple français a perdu ou plutôt n’a point acquis les mœurs de la liberté ; c’est parce que cette tradition et ces mœurs lui manquent qu’il n’a point aujourd’hui ce que nous appelons la conscience politique, et c’est parce qu’il est privé de cette conscience que toutes les révolutions qu’il a faites jusqu’ici n’ont pas même pu lui donner ou lui assurer la liberté politique. À l’exception de ses grands jours révolutionnaires, qui sont ses jours de fête, le peuple français reste aujourd’hui comme hier un peuple esclave.

Passant à un autre ordre de faits, j’arrive au par-