Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/486

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tant vis-à-vis de la France que vis-à-vis de la Russie. Une fois les rapports actuels de ces trois grands États, la France, l’Allemagne et la Russie, donnés, elle s’en suit avec la conséquence rigoureuse d’une déduction mathématique.

La politique de M. Bismarck est celle du présent ; la politique de M. Marx, qui se considère à tout le moins comme son successeur et son continuateur, est celle de l’avenir[1]. Et quand je dis que M. Marx se considère comme le continuateur de M. de Bismarck, je suis loin de calomnier M. Marx. S’il ne se considérait pas comme tel, il n’aurait pas permis au confident de toutes ses pensées, M. Engels, d’écrire que M. de Bismarck sert la cause de la Révolution sociale. Il la sert maintenant à sa manière, M. Marx la servira plus tard d’une autre manière. Voilà dans quel sens il sera, plus tard, le continuateur, comme aujourd’hui il est l’admirateur, de la politique de M. de Bismarck.

Maintenant, examinons le caractère particulier de la politique de M. Marx. Et d’abord, constatons les

  1. C’est ici que Bakounine devrait nous donner l’explication promise du motif qui a porté Marx à condamner le partage de la Pologne, tandis que Bismarck l’approuve et veut maintenir la nation polonaise dans la servitude. Mais il a oublié sa promesse. Toutefois, il n’est pas difficile de suppléera cette omission et de deviner la pensée de l’écrivain. Marx, voyant dans l’Empire russe l’ennemi futur de sa grande République allemande, est amené — ainsi doit raisonner Bakounine — à souhaiter la restauration d’un État de Pologne indépendant, qui servirait de tampon entre la Russie et l’Allemagne, et qui aurait la mission naturelle de garantir à la République germanique la sécurité de sa frontière de l’Est. — J. G.