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Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/518

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pline intérieure, volontaire, et par cette passion d’obéissance, qui en faisaient un peuple modèle, — et qui, malgré tous ces grands avantages, s’est vu réduit à jouer pendant tant de siècles de suite le rôle d’un peuple victime, opprimé et décimé plus ou moins par tous les États voisins, voire même par la petite Suède ; d’un peuple qui ne demandait pas mieux que d’envahir et à droite et à gauche et partout, et qui, au lieu de cela, a été condamné à se trouver toujours envahi ; car enfin la plus grande partie des guerres qui ensanglantèrent l’Europe depuis la Réformation jusqu’à nos jours eurent pour théâtre l’Allemagne, ce qui naturellement, déjà au seul point de vue de la tranquillité et des intérêts matériels, a dû déplaire beaucoup aux Allemands, en même temps que cela devait froisser beaucoup leur vanité nationale.

Il en est résulté, très lentement et très imperceptiblement d’abord, il est vrai, un sentiment naturel et nécessaire de réaction contre la cause de toute cette honte et de tous ces malheurs, contre la division de l’Allemagne en une multitude d’États, — non contre l’État en général. Ce n’était pas la réaction d’un peuple aimant et voulant la liberté contre le despotisme intérieur de l’État qui l’empêchait d’en jouir ; c’était celle d’un peuple qui, se sentant le goût et la puissance naturelle de la conquête, aspirait à une forme politique capable de satisfaire ce désir instinctif et de mettre en action cette puissance. Pour cela, il n’y avait qu’une seule forme,