Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/55

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aussi bien qu’à celles des États-Unis d’Amérique.

Le Parti ouvrier de la démocratie socialiste, et l’Association générale des ouvriers allemands fondée par Lassalle, sont l’un et l’autre franchement socialistes, dans ce sens qu’ils veulent une réforme socialiste des rapports entre le capital et le travail ; et les lassalliens aussi bien que le parti d’Eisenach sont unanimes sur ce point que, pour obtenir cette réforme, il faut préalablement réformer l’État, et, s’il ne se laisse pas réformer volontairement et d’une manière pacifique, à la suite et par le moyen d’une grande agitation ouvrière pacifique et légale, le réformer par la force, c’est-à-dire par la révolution politique. Selon l’avis presque unanime des socialistes allemands, la révolution politique doit précéder la révolution sociale, — ce qui est une grande et fatale erreur selon moi, parce que toute révolution politique qui se fera avant, et, par conséquent, en dehors de la révolution sociale, sera nécessairement une révolution bourgeoise, et la révolution bourgeoise ne peut servir |104 à produire tout au plus qu’un socialisme bourgeois ; c’est-à-dire qu’elle doit infailliblement aboutir à une nouvelle exploitation, plus hypocrite et plus savante peut-être, mais non moins oppressive, du prolétariat par la bourgeoisie.

Cette idée malheureuse de la révolution politique qui doit précéder, disent les socialistes allemands, la révolution sociale, ouvre à deux battants les portes du Parti de la démocratie socialiste ouvrière à tous les démocrates radicaux exclusive-