Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/148

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tandis que nous, démocrates socialistes, nous demandons pour lui l’instruction intégrale, toute l’instruction, aussi complète que la comporte la puissance intellectuelle du siècle, afin qu’au-dessus des masses ouvrières il ne puisse se trouver désormais aucune classe qui puisse en savoir davantage, et qui, précisément parce qu’elle saura davantage, puisse les dominer et les exploiter. Les socialistes bourgeois veulent le maintien des classes, chacune devant représenter, selon eux, une différente fonction sociale, l’une, par exemple, la science et l’autre le travail manuel ; et nous, nous voulons au contraire l’abolition définitive et complète des classes, l’unification de la société, et l’égalisation économique et sociale de tous les individus humains sur la terre. Ils voudraient, tout en les conservant, amoindrir, adoucir et enjoliver l’inégalité et l’injustice, ces bases historiques de la société actuelle, et nous, nous voulons les détruire. D’où il résulte clairement qu’aucune entente, ni conciliation, ni même coalition, entre les socialistes bourgeois et nous n’est possible.

Mais, dira-t-on, — et c’est l’argument qu’on nous oppose le plus souvent et que messieurs les doctrinaires de toutes les couleurs considèrent comme un argument irrésistible, — mais il est impossible que l’humanité tout entière s’adonne à la science : elle mourrait de faim. Il faut donc que, pendant que les uns étudient, les autres travaillent, afin de produire les objets nécessaires à la vie, pour eux-mêmes