Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/159

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y aura moins de savants illustres, mais en même temps il y aura moins d’ignorants. Il n’y aura plus ces quelques hommes qui touchent les cieux, mais, par contre, des millions d’hommes qui, aujourd’hui, eussent été avilis, écrasés, marcheront humainement sur la terre ; point de demi-dieux, point d’esclaves. Les demi-dieux et les esclaves s’humaniseront à la fois, les uns en descendant un peu, les autres en montant beaucoup. Il n’y aura donc plus de place ni pour la divinisation, ni pour le mépris. Tous se donneront la main, et, une fois réunis, tous marcheront avec un entrain nouveau à de nouvelles conquêtes, aussi bien dans la science que dans la vie.

Loin donc de redouter cette éclipse, d’ailleurs tout à fait momentanée, de la science, nous l’appelons au contraire de tous nos vœux, puisqu’elle aura pour effet d’humaniser les savants et les travailleurs manuels à la fois, de réconcilier la science et la vie. Et nous sommes convaincus qu’une fois cette base nouvelle conquise, les progrès de l’humanité, tant dans la science que dans la vie, dépasseront bien vite tout ce que nous avons vu et tout ce que nous pouvons imaginer aujourd’hui.

Mais ici se présente une autre question : Tous les individus sont-ils également capables de s’élever au même degré d’instruction ? Imaginons une société organisée selon le mode le plus égalitaire et dans laquelle tous les enfants auront dès leur naissance le même point de départ, tant sous le rapport économique et social que sous le rapport poli-