Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/262

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ce qu’il y a de plus civilisé en Russie, Une fois lui détruit, qu’y restera-t-il ? La barbarie des peuples sauvages. »

Ou je ne m’y connais plus du tout, ou c’est bien là le cri désespéré de la bourgeoisie en détresse.

« La révolution russe, ajoutent-ils, et les projets révolutionnaires des communistes russes, sont encore plus dangereux que les projets de conquête du gouvernement russe. Ce sera la fin de toute civilisation et de tout ordre public, — la fin du monde. »

Mais qu’est-ce que cela vous fait, bonnes gens, puisqu’il est bien entendu que les peuples russes, une fois délivrés du joug de l’Empire, resteront chez eux et n’auront nulle envie d’aller chez vous ? Et savez-vous pourquoi ils n’auront pas cette envie ? Parce que vos pays sont peuplés et que les nôtres sont relativement déserts. Le peuple russe n’a jamais cherché qu’une chose : la terre, beaucoup de terre ; eh bien, dans le midi et l’est de l’empire, dans la Nouvelle-Russie et au-delà du Volga jusqu’à l’embouchure de l’Amour, il y a des terres immenses, d’une fertilité inouïe, et qui n’ont jamais été défrichées. Ce n’est pas nous qui irons jamais chez vous, mais au contraire c’est bien vous qui ressentirez le besoin de venir chez nous.

Aussi vous promettez-vous bien de nous faire cette visite. N’est-ce pas une de vos habitudes historiques que de visiter ou plutôt d’envahir lentement le monde slave ? Mais vous aimez à faire ces