Aller au contenu

Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

patience de lire ces trois ou quatre articles, qui ont été publiés dans ce journal sous le titre de Michael Bakunin. Quant à moi, j’avoue que je n’ai jamais lu rien d’aussi confus, d’aussi odieusement ridicule et stupide, que cette dernière élucubration de M. Borkheim, à côté de laquelle l’article de M. Maurice Hess contre moi pourrait passer pour un modèle de clarté et d’honnêteté. Ce qui m’a fort amusé surtout, c’est que, pour prouver que je suis un panslaviste et un serviteur dévoué de la politique de l’Empire de Russie, M. Borkheim cite une brochure que j’avais publiée à Leipzig vers la fin de 1848, à la veille des derniers tressaillements d’une révolution écrasée en Juin, et déjà aux trois quarts vaincue par le despotisme[1].

S’il pouvait y avoir quelque chose de bien nettement anti-panslaviste et d’anti-russe, dans le sens officiel de ce mot, c’était cette brochure. J’y ai prêché quoi ? La destruction |14 de l’Empire de toutes les Russies, comme la condition essentielle, absolument nécessaire, de l’émancipation de la race slave. J’ai dit aux Slaves : « Malheur à vous si vous comptez sur cette Russie impériale, sur cet Empire, tartare et allemand, mais qui n’a jamais eu rien de slave. Cet Empire vous engloutira, et vous torturera comme il le fait avec la Pologne. » Il est vrai que j’y ai prêché également la destruction de l’Empire d’Autriche et de la monarchie prussienne, et cela

  1. Sur cette brochure, Aufruf an die Slaven, voir la Notice biographique en tête du tome II des Œuvres, p. xx.