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Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/298

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Moins de cinq années d’indépendance avaient suffi pour ruiner ses finances, pour plonger tout le pays dans une situation économique sans |32 issue, pour tuer son industrie, son commerce, et, qui plus est, pour détruire dans la jeunesse bourgeoise cet esprit d’héroïque dévouement qui pendant plus de trente ans avait servi de levier puissant à Mazzini.

Le triomphe de la cause nationale, au lieu de tout raviver, avait écrasé tout. Ce n’était pas seulement la prospérité matérielle, l’esprit même était mort ; et l’on était bien surpris en voyant cette jeunesse d’un pays politiquement renaissant, vieille de je ne sais combien de siècles, et qui, n’ayant rien oublié, n’avait aucun souci d’apprendre quelque chose.

En effet, je ne connais guère d’autre pays où la jeunesse bourgeoise soit aussi ignorante des questions actuelles, aussi indifférente pour le mouvement de l’esprit moderne. Je parie qu’à l’heure qu’il est, dans la majorité des universités italiennes, on explique encore Dante et les mystères de la jurisprudence romaine, en y ajoutant, comme complément nécessaire, des commentaires sur le système politique de Macchiavelli et des leçons d’économie politique selon Jean-Baptiste Say ou Bastiat.

On y trouve encore, par ci par là, sous le nom de philosophie, quelques traces de l’ancienne école hégélienne. Quant à la science nouvelle, la science positive, fondée sur l’analyse expérimentale et sur