Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/31

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M. E. La Rigaudière, fondateur de ce nouveau journal, qui, sous le nom de la Fraternité, organe international de la démocratie, va paraître hebdomadairement à Mannheim, grand-duché de Bade, a bien voulu nous adresser une lettre par laquelle il nous exprime l’espoir que nous saluerons avec sympathie l’apparition d’un journal destiné à servir la cause démocratique et à travailler énergiquement au maintien de la paix et à la revendication de la liberté.

Ennemis de toute discussion inutile, et n’aimant pas à dire des choses désagréables, nous aurions mieux aimé ne pas répondre du tout ; mais la politesse nous commandant une réponse, nous voulons la faire avec la franchise et la fermeté qui doivent caractériser désormais tous les rapports des ouvriers avec les bourgeois. La voici :

Nous avons parcouru avec une scrupuleuse attention le numéro spécimen du nouveau journal qu’on a eu l’obligeance de nous envoyer, et nous n’y avons trouvé rien, mais absolument rien, qui puisse nous intéresser, nous toucher. Pas un mot de vivant, aucune idée, rien qui révèle l’entente du présent en un sentiment juste des événements qui approchent ; des désirs aussi pieux que stériles, des aspirations vertueusement défaillantes ; pas de chair, pas de sang, nulle ombre de réalité. On dirait un journal fondé dans un monde meilleur par des fantômes.

Nous avons été autant étonnés qu’affligés de trou-