Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/361

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C’est un fait incontestable, aussi bien constaté par la statistique de tous les pays que par la démonstration la plus exactement mathématique. Dans l’organisation économique de la société actuelle, cet appauvrissement graduel de la grande masse de la bourgeoisie au profit d’un nombre restreint de monstrueux capitalistes est une loi inexorable, contre laquelle il n’y a pas d’autre remède que la révolution sociale. Si la petite bourgeoisie avait assez d’intelligence et de bon sens pour le comprendre, depuis longtemps elle se serait alliée au prolétariat pour accomplir cette révolution. Mais la petite bourgeoisie est généralement très bête ; sa sotte vanité et son égoïsme lui ferment l’esprit. Elle ne voit rien, ne comprend rien, et, écrasée d’un côté par la grande bourgeoisie, menacée de l’autre par ce prolétariat qu’elle méprise autant qu’elle le déteste et le craint, elle se laisse sottement entraîner dans l’abîme.

Les conséquences de cette concurrence bourgeoise sont désastreuses pour le prolétariat. Forcés de vendre leurs produits — ou bien les produits des ouvriers qu’ils exploitent — au plus bas prix possible, les fabricants doivent nécessairement payer leurs ouvriers le plus bas prix possible. Par conséquent, ils ne peuvent plus payer le talent, le génie de leurs ouvriers. Ils doivent rechercher le travail qui se vend, qui est forcé de se vendre, au tarif le plus bas. Les femmes |18 et les enfants se contentant d’un moindre salaire, ils emploient les