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Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/57

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remplacer une société fondée sur l’iniquité, sur l’exploitation de l’immense majorité des hommes par une minorité oppressive, sur le privilège, sur l’oisiveté, et sur une autorité protectrice de toutes ces jolies choses, par une société fondée sur une justice égale pour tous et sur la liberté de tout le monde. Elle veut, en un mot, une organisation économique, politique et sociale dans laquelle tout être humain, sans préjudice pour ses particularités naturelles et individuelles, trouve une égale possibilité de se développer, de s’instruire, de penser, de travailler, d’agir et de jouir de la vie comme un homme. Oui, elle veut cela ; et, encore une fois, si ce qu’elle veut est incompatible avec l’organisation actuelle de la société, tant pis pour cette société.

L’Association internationale est-elle révolutionnaire dans le sens des barricades et d’un renversement violent de l’ordre politique actuellement existant en Europe ? Non : elle s’occupe fort peu de cette politique, et même elle ne s’en occupe pas du tout. Aussi les révolutionnaires bourgeois lui en veulent-ils beaucoup pour l’indifférence qu’elle témoigne envers leurs aspirations et tous leurs projets. Si l’Internationale n’avait pas compris depuis longtemps que toute politique bourgeoise, quelque rouge et révolutionnaire qu’elle paraisse, tend non à l’émancipation des travailleurs, mais à la consolidation de leur esclavage, le jeu pitoyable que jouent en ce moment les républicains et même les socialistes bourgeois en Espagne suffirait pour lui ouvrir les yeux.