Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/70

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de jeunes étudiants à Pétersbourg, à Moscou, à Kazan et dans d’autres provinces russes. Puis des ordres de la police, qui prescrit à tous les aubergistes et maîtres d’hôtel de ne point donner à dîner à plus de deux étudiants à la fois, et aux propriétaires de maison de ne point souffrir qu’un étudiant vienne passer la nuit chez un autre, ni que même pendant le jour il y ait chez lui rassemblement de plus de deux étudiants. Les prisons, les postes de police, les cachots de la chancellerie secrète et les forteresses sont pleins de jeunes gens qu’on saisit dans les deux capitales ou qu’on amène du fond de la Russie.

Que se passe-t-il donc ? Tout n’est-il donc pas tranquille et satisfait en Russie ? Et que veulent-ils, ces jeunes gens ? Demandent-ils une constitution comme en Belgique ou en Italie, ou comme celle que va se donner cette bienheureuse Espagne, par exemple ? Non, pas du tout. Avez-vous lu le programme de la démocratie sociale russe, qui, traduit en langue française, a produit tant de scandale parmi ces bons bourgeois socialistes du Congrès de Berne[1] ? Eh bien, c’est leur programme, c’est ce qu’ils veulent. Ils ne veulent ni plus ni moins que la dissolution de ce monstrueux Empire de toutes les Russies, qui a étouffé de son poids, pendant des

  1. Ce programme, écrit par Bakounine, avait paru dans le premier numéro (1er septembre 1868) du journal russe Narodnoé Diélo, fondé par Bakounine et Joukovsky, mais qui passa, dès le second numéro, sous la direction d’Outine.