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Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/84

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lisme français ; car il faut bien l’avouer, le classicisme révolutionnaire pèse encore aujourd’hui sur l’imagination politique et sociale des Français, comme le classicisme de Corneille et de Racine a pesé longtemps sur leur poésie.

Les ouvriers autrichiens n’ont aucune de ces gloires, mais aussi aucun de ces fardeaux à porter : ils entrent dans la lutte tout vierges, tout nouveaux, nullement épuisés et par conséquent pleins de vie, en politique comme en socialisme ; ils devront tout créer ; un grand avenir les attend, et il est fort probable qu’ils seront appelés à jeter les premiers fondements de l’État international de l’avenir, — de cette République économique et universelle, dont M. Thiers lui-même, cette dernière illustration bourgeoise, ce vieillard septuagénaire et sceptique qui a combattu le socialisme pendant toute sa vie, mais qu’une longue et triste expérience a fini par rendre prophète, vient d’annoncer l’avènement infaillible à ses électeurs bourgeois ahuris.

Les ouvriers de Vienne, qui suivent en général les errements de Lassalle et qui s’instruisent en lisant ses écrits, parlent bien dans leur programme d’un État populaire autrichien. Mais d’abord il faut bien faire la part de leur position politique actuelle : ils sont encore des sujets autrichiens, et, comme tels, soumis à des lois restrictives très sévères et à l’arbitraire d’une police formée sous l’ancien despotisme et pas assez réformée par le libéralisme nouveau. D’ailleurs, les libéraux, que dis-je, les démocrates