Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/89

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parti conservateur protestant. Appuyé par ce parti, il fonda un petit journal quotidien, la Montagne, qualifié par lui d’« organe de la démocratie sociale ». Mécontent de voir l’Internationale prendre un caractère révolutionnaire, il attaqua dans la Montagne les résolutions votées par le Congrès de Bruxelles au sujet de la propriété collective, et combattit la propagande faite par l’Égalité de Genève et le Progrès du Locle, en opposant au principe de la propriété collective celui de la coopération, représentée par lui comme le seul moyen d’améliorer le sort des travailleurs. Mais en même temps Coullery restait membre de l’Internationale, et continuait à grouper autour de lui un certain nombre d’ouvriers. Il devint nécessaire d’en finir avec une équivoque dont il profitait, et d’infliger à son journal la Montagne un désaveu public. En conséquence, les trois sections du Locle, de la Chaux-de-Fonds et du district de Courtelary (Val de Saint-Imier) résolurent de convoquer une assemblée dans laquelle seraient votées des résolutions condamnant l’attitude de Coullery. La date de l’assemblée fut fixée au dimanche 30 mai 1869, et l’on choisit comme lieu de réunion une auberge qui se trouve sur le Crêt-du-Locle, entre le Locle et la Chaux-de-Fonds. J’écrivis à Bakounme pour l’inviter à venir de Genève assister à cette réunion ; il me répondit par le billet suivant :

Ce 22 mai 1869

Cher ami, je ne demande pas mieux que de venir et je viendrai assurément, si tu veux et peux m’aider à emprunter une trentaine de francs pour le terme d’un mois, faute de quoi, malgré toute ma bonne volonté, il me sera impossible de venir prendre part au combat si intéressant que la Révolution et la Réaction masquée en coopération vont se livrer