Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/134

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naturel, — qui dans notre idée comprend tout le monde proprement dit, tant le monde physique que le monde humain ou social, — ce que nous appelons les lois naturelles, tant physiques que sociales, n’aurait également jamais pu exister. Comme tous les États politiques subordonnés et dominés de haut en bas par des législateurs arbitraires, le monde présenterait alors le spectacle de la plus révoltante anarchie. Il ne pourrait exister ;

3° Que la loi morale dont nous autres, matérialistes et athées, reconnaissons l’existence plus réellement que ne peuvent le faire les idéalistes de quelque école que ce soit, mazziniens et non-mazziniens, n’est une loi vraiment morale, une loi qui doit triompher des conspirations de tous les idéalistes du monde, que parce qu’elle émane de la nature même de l’humaine société, nature dont il faut chercher les bases réelles non dans Dieu, mais dans l’animalité ;

4° Que l’idée d’un Dieu, loin d’être nécessaire à l’établissement de cette loi, n’en a jamais été que la perturbation et la dépravation ;

5° Que tous les Dieux passés et présents ont dû leur première existence à la fantaisie humaine, à peine dégagée des langes de sa bestialité primitive ; que la foi dans un monde surnaturel ou divin constitue une aberration historiquement inévitable dans les développements passés de notre esprit ; et que, pour me servir d’une expression de Proudhon, les hommes, trompés par une sorte d’illusion d’op-