Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/179

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le moment critique chacun sembla vouloir tirer son épingle du jeu, boudant sous sa tente comme Achille. Je ne fais pas de personnalités, je fais de l’histoire. Et les ennemis n’ont que trop bien profité de nos divisions et de notre silence. Il en a été de même de la Fédération des Montagnes, non qu’elle ait été divisée, — par bonheur elle fut et reste unie comme une famille de frères, — mais parce qu’elle a eu le malheur d’adopter la politique de Notre Seigneur Jésus-Christ, politique de patience, d’humilité volontaire et de pardon des injures[1]. Est-ce que cela a touché nos ennemis ? Point du tout, ils n’en ont profité que pour la mieux calomnier et salir. N’est-ce pas une preuve qu’il faut mettre fin à cette politique de chrétiens, de crétins ! Que faut-il donc faire ? Une seule chose, renouveler notre combat au grand jour. Ne craignez pas de tuer par là l’Internationale. Si quelque chose peut la tuer, c’est précisément la diplomatie et l’intrigue, c’est la pratique souterraine, celle qui constitue maintenant tout le jeu de nos ennemis non seulement de Genève, mais de Londres aussi. La lutte au grand jour ren-

  1. Il existe une lettre de Bakounine à Joukovsky, du 28 juillet 1870, où il loue la réponse faite par la Solidarité du 23 juillet à la résolution du Conseil général condamnant la Fédération des Montagnes (Nettlau, Biographie, II, 403). À ce moment, il ne voyait pas en nous des chrétiens humbles et patients.