Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/205

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renoncer à tout ce qui, dans leur constitution, était contraire aux statuts de l’Internationale[1].

  1. Le brouillon de la lettre de Perron a été retrouvé à Genève par Max Nettlau, qui l’a inséré dans sa Biographie de Bakounine. Le voici :
    « Genève, le 26 février 1869.

    « Le Bureau central de l’Alliance Internationale de la Démocratie socialiste au Conseil général de l’Association internationale des Travailleurs,
    « Citoyens,
    « Nous avons reçu en son temps la lettre que vous nous avez adressée le 28 décembre 1868.
    « Nous n’examinerons pas l’interprétation que vous avez cru devoir donner à notre règlement, interprétation qui — involontairement, nous aimons à le croire — est erronée sur bien des points. Nous irons droit au fait.
    « Si nous n’avons pas répondu plus tôt, c’est que nous avons dû consulter nos comités nationaux. Voici maintenant notre réponse :
    « Nous ne proposerons à toutes nos sections la dissolution de notre organisation que lorsque vous nous aurez fait connaître :
    « 1° Si les principes énoncés dans le programme ci-joint sont, oui ou non, contraires aux principes que peut admettre l’Association Internationale des Travailleurs ?
    « 2° Si les différents groupes qui propagent ces principes peuvent, oui ou non, être affiliés à l’Association Internationale des Travailleurs, étant entendu que ces groupes déclarent séparément accepter les règlements et statuts de ladite Association ?
    « 3° Si, en conséquence, les groupes formés par les soins de l’Alliance seraient, oui ou non, reconnus comme sections de l’Association Internationale des Travailleurs dans le cas où, après avoir pris l’avis de nos comités nationaux et de toutes les sections de notre Alliance Internationale de la Démocratie socialiste, nous prononcerions sa dissolution ?
    « Sur la première question, si votre réponse est NON,
    « Sur la deuxième et la troisième, si votre réponse est OUI,
    « Nous vous déclarons :
    « Que, pour éviter une division des forces ouvrières, nous ferons tous nos efforts pour obtenir des intéressés qu’ils consentent à la dissolution de notre Alliance, qui, cependant, a déjà porté d’excellents fruits en Suisse et particulièrement en France, en Espagne et en Italie, où l’Association Internationale des Travailleurs n’a pas encore pu prendre pied d’une manière sérieuse, et où un programme radical comme le nôtre nous paraît de nature à rallier la grande masse des travailleurs. Et nous ajoutons que nous avons l’espoir de voir les démarches que nous ferions dans ce sens aboutir au résultat désiré.
    « Mais nous devons vous déclarer également que si, contre notre attente, vous deviez répondre affirmativement à notre première question et négativement aux deux autres, nous déclinons la responsabilité de la division que votre résolution du 22 décembre dernier tend infailliblement à produire et nous maintiendrons notre Alliance Internationale de la Démocratie socialiste. Ne pouvant faire le sacrifice de notre programme, c’est-à-dire de nos convictions, nous aurons la satisfaction d’avoir rempli notre devoir en proposant le sacrifice de notre organisation pour sceller de nouveau l’union des travailleurs, à quelque opinion qu’ils puissent appartenir.
    « C’est donc à vous, citoyens, que nous laisserons le soin de décider de notre existence, en déclarant si à votre avis l’Association Internationale des Travailleurs peut admettre dans son sein des groupes qui professent et propagent les idées contenues dans notre programme. Vu la gravité de cette affaire, nous espérons, citoyens, que vous ne tarderez pas à nous répondre, et que cette réponse sera conforme à l’esprit de raison qui a dicté cette lettre.
    « Recevez, citoyens, notre salut fraternel.
    « Au nom du Bureau central de l’Alliance de la Démocratie socialiste, « Le secrétaire général :

    « Ch. Perron. »