Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/310

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chacun, selon la sphère dans laquelle il se trouve et les moyens qu’il possède, la Famille, la Patrie, l’Humanité : la Famille, autel de la Patrie ; la Patrie, sanctuaire de l’Humanité ; l’Humanité, portion de l’Univers et temple érigé à Dieu qui le crée pour qu’il gravite vers Lui ; Devoir qui commande de favoriser le progrès d’autrui, pour pouvoir opérer son propre progrès, et son propre progrès pour aider celui d’autrui ; Devoir sans lequel il n’existe pas de Droit et qui crée la vertu du sacrifice, seule preuve réellement efficace et sacrée, la plus splendide qui couronne, en la sanctifiant, l’âme humaine.

« Et finalement nous croyons non au dogme actuel, mais à une manifestation religieuse fondée sur les principes ci-dessus indiqués, qui sortira, à son heure, de l’initiative d’un peuple vraiment libre et croyant, peut-être de Rome, si Rome comprend sa propre mission, et qui, recueillant la portion de vérité déjà conquise par les religions antérieures, en révélera une autre portion, et, étouffant dans leur germe tout privilège, toute intolérance de caste, ouvrira la voie au Progrès futur. »

Ouf ! Quel coup de massue ! Contre un semblable exorcisme il n’est diable qui résiste, et je confesse que les cheveux me dressent sur la tête chaque fois que j’entends réciter cette si logique enfilade d’absurdités colossales. Et dire qu’en plein dix-neuvième siècle une grande intelligence comme celle de Mazzini a pu inventer ça et se contenter de ça ! c’est à désespérer de l’humanité, n’est-il pas vrai ?