Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/364

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son, sur le terrain même de la déraison et de l’impuissance. La déraison mazzinienne a au moins pour elle l’énergie de la fièvre et de la folie ; elle bat la campagne et profère ses absurdités avec cette puissance de conviction qui finit toujours par entraîner les faibles ; tandis que la protestation rationnelle de la jeunesse athée, trop intelligente pour croire aux absurdités, mais trop peu énergique, trop peu convaincue et passionnée pour avoir le courage de savoir s’en détacher, serait quelque chose d’absolument négatif, c’est-à-dire l’impuissance absolue. Mais y a-t-il quelque chose au monde de plus vil, de plus dégoûtant et de plus honteux qu’une jeunesse impuissante, une jeunesse qui n’ose pas oser, qui ne sait plus se rebiffer ?

Donc, pour son honneur, pour son propre salut et pour le salut du peuple italien qui a besoin de ses services, la jeunesse matérialiste et athée, mettant sa volonté et ses actes d’accord avec sa libre-pensée, « doit vouloir » et inaugurer aujourd’hui la politique de la Révolution sociale.

J’ai déjà dit ce que c’est que cette politique, considérée au point de vue de la nouvelle organisation de la société après la victoire. Mais avant de créer, ou, pour mieux dire, avant d’aider le peuple à créer cette nouvelle organisation, il faut obtenir la victoire. Il faut renverser ce qui est, pour pouvoir établir ce qui doit être. Quoi qu’on en dise, le système actuellement dominant est fort, non par son idée et sa force morale intrinsèque, qui sont