Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/367

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droit, et non reçu comme un cadeau), dans laquelle vous aurez en commun avec tous vos frères (les bourgeois) l’Éducation. (Mazzini ne dit pas l’Instruction, qu’il distingue bien de l’Éducation, — voir son livre Doveri dell’ Uomo, — et dont il n’entend pas le moins du monde accorder au peuple la jouissance égale. Quant à cette éducation commune dont il parle tant, c’est là encore un mensonge. S’il entend par là l’enseignement officiel d’une morale commune, la chose se faisait depuis longtemps déjà dans l’Église catholique. Une éducation commune, non fictive, mais réelle, ne pourra exister que dans une société vraiment égalitaire. Mazzini ne pense certainement pas à détruire l’éducation dans la famille ; et, puisque l’éducation est donnée bien plus par la vie et par l’influence du milieu social, que par l’enseignement de tous les professeurs patentés du « devoir », du sacrifice, et de toutes les vertus, comment l’éducation pourra-t-elle jamais être commune dans une société où la situation sociale tant des individus que des familles est si diverse et si inégale ?), en commun le suffrage pour contribuer à l’avancement progressif du pays (pour vous donner un maître), en commun les armes pour en défendre la grandeur et l’honneur (qui vous écrasent sous leur poids, et dont vous serez éternellement le piédestal muet ou passif, et qui, ajouterons-nous, fournissent un prétexte pour porter la guerre, l’extermination, la misère chez des peuples frères, et pour affermir le joug et la domination