Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/391

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le jour, dans les angoisses de la détresse financière et de la vanité sociale, qui désormais se disputent son cœur.

De cette classe sortent encore, mais en nombre toujours plus restreint, les derniers partisans de Mazzini et de Garibaldi, pauvres jeunes gens pleins d’aspirations généreuses et idéales, mais excessivement ignorants, désorientés, et perdus au milieu de la réalité desséchée, servile et corrompue qui constitue aujourd’hui la vie de la société bourgeoise de l’Italie.

Rendons-leur justice. De toutes les jeunesses bourgeoises de l’Europe occidentale, la jeunesse italienne est peut-être celle qui produit le plus de héros. Sa dernière expédition en France, sous la conduite du magnanime Garibaldi, l’a prouvé encore une fois, et de la façon la plus manifeste. Mais tout en lui rendant cette justice, reconnaissons en même temps que la majeure partie de cette jeunesse héroïque souffre d’une grande maladie qui, si elle ne s’en guérit pas, la tuera, et commencera par rendre tout son héroïsme ridicule et stérile. Cette maladie peut être définie : absence de toute pensée vivante et sérieuse ; absence absolue de tout sentiment de la réalité au milieu de laquelle elle veut agir et elle se meut.

J’ai dit qu’elle est excessivement ignorante ; mais ce n’est pas sa faute. Les universités et les écoles de l’Italie, qui furent jadis les premières de l’Europe, sont restées en arrière d’un siècle, même si on les