Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/425

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Mazzini, vous mettant ainsi en opposition avec toute la démocratie, ou plutôt avec tout le parti républicain de votre pays, accoutumé à ne plus penser, à ne plus sentir, à ne plus vouloir par lui-même, et à suivre aveuglément la direction que lui impriment ses deux grands chefs, Mazzini et Garibaldi. Ce parti, pris dans son ensemble, sera naturellement stupéfait, et éprouvera une horreur superstitieuse, en voyant de jeunes « inconnus » — c’est le grand argument de tous les sots, vous le savez — oser se révolter contre leurs vénérables chefs, et prendre l’audacieuse initiative d’une nouvelle politique, indépendante de l’un et de l’autre. Au premier moment, ils s’éloigneront peut-être de vous, comme d’une poignée de malfaiteurs, de traîtres, de pestiférés. On vous combattra avec tout le perfide et stupide acharnement dont les mazziniens ont donné tant de preuves dans leurs luttes, et qui révèle leur nature de théologiens et de prêtres. On cherchera à faire le vide autour de vous, et on fera sûrement tout ce qu’on pourra pour éloigner de vous les masses ouvrières. En un mot, vous aurez à passer un mauvais quart d’heure, et pour en sortir avec honneur il vous faudra mettre en jeu toute votre intelligence, tout votre cœur, toute votre foi et toute votre action la plus persévérante et la plus énergique.

C’est une entreprise et une épreuve qui exigent un héroïsme d’une bien autre trempe que celui qui est nécessaire pour batailler sous l’étendard de Garibaldi. Là, il suffit d’un peu de tempérament, d’un