Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/55

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ganisation un caractère doublement international, puisqu’elle était non seulement internationale d’intention et par son programme, mais internationale encore de position et de fait, la plus grande partie de ses membres étant condamnés, par leurs nationalités différentes, à rester complètement en dehors de la politique et de tous les intérêts locaux de Genève. Faire servir cette Internationale d’instrument à la politique genevoise, n’était-ce pas forcer une masse d’ouvriers français, italiens, savoyards, ou même suisses des autres cantons[1], à jouer le rôle ridicule de soldats, de manœuvres |90 dans une cause qui leur était parfaitement étrangère, au profit exclusif et sous le commandement immédiat des meneurs plus ou moins ambitieux des sections des ouvriers-citoyens de Genève ?

Ce fut précisément l’argument décisif qu’on leur opposa. On leur dit : « Puisque vous êtes des citoyens genevois, faites autant qu’il vous plaira de la politique genevoise en dehors de l’Internationale : c’est votre droit, c’est peut-être même votre devoir ; dans tous les cas cela ne nous regarde pas. Mais nous ne vous reconnaissons pas le droit de transporter vos préoccupations, vos luttes et vos intrigues locales au sein de notre Association Internationale, qui, comme son nom seul l’indique, doit

  1. Les internationaux allemands et suisses-allemands à Genève s’étaient donné dès l’abord une organisation et une administration complètement séparée, indépendante même du Comité central genevois et du Comité fédéral de la Suisse romande. (Note de Bakounine.)