Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il doit savoir aussi, chose qui n’est pas difficile à comprendre, que seul il est impuissant contre son maître, et que, pour ne point se laisser écraser par lui, il doit s’associer tout d’abord avec ses camarades d’atelier, leur être fidèle quand même dans toutes les luttes qui s’élèvent dans l’atelier contre ce maître.

Il doit encore savoir que l’union des ouvriers d’un même atelier ne suffit pas, qu’il faut que tous les ouvriers du même métier, travaillant dans la même localité, soient unis. Une fois qu’il sait cela, — et, à moins qu’il ne soit excessivement bête, l’expérience journalière doit le lui apprendre bientôt, — il devient consciemment un membre dévoué de sa section corporative. Cette dernière est déjà constituée comme fait, mais elle n’a pas encore la conscience internationale, elle n’est encore qu’un fait |103 tout local. La même expérience, cette fois collective, ne tarde pas à briser dans l’esprit de l’ouvrier le moins intelligent les étroitesses de cette solidarité exclusivement locale. Survient une crise, une grève. Les ouvriers du même métier, dans un endroit quelconque, font cause commune, exigent de leurs patrons soit une augmentation de salaire, soit une diminution d’heures de travail. Les patrons ne veulent pas les accorder ; et comme ils ne peuvent se passer d’ouvriers, ils en font venir soit des autres localités ou provinces du même pays, soit même des pays étrangers. Mais dans ces pays, les ouvriers travaillent davantage pour un moindre