Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/72

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internationalement organisée la demande des travailleurs, et cela empirera naturellement la situation de ces travailleurs, qui seront forcés, pour ne point mourir de faim, de travailler davantage et de se contenter d’un moindre salaire. D’où il résulte que les conditions du travail ne peuvent ni empirer ni s’améliorer dans aucune industrie sans que les travailleurs de toutes les autres industries ne s’en ressentent bientôt[1], et que tous les corps de métier dans tous les pays du monde sont réellement et indissolublement solidaires.

Cette solidarité se démontre par la science autant que par l’expérience, la science n’étant d’ailleurs rien que l’expérience universelle mise en relief, comparée, systématisée et duement expliquée. Mais elle se manifeste encore au monde ouvrier par la sympathie mutuelle, profonde et passionnée, qui, à mesure que les faits économiques se développent et que leurs conséquences politiques et sociales, toujours de plus en plus amères pour les travailleurs de tous les métiers, se font sentir davantage, croît et devient plus intense dans le cœur du prolétariat tout entier. Les ouvriers de chaque métier et de chaque pays, avertis, d’un côté, par le concours matériel et moral que, dans les époques de luttes, ils trouvent dans les ouvriers de tous les autres métiers et de tous les autres pays, et, de |106 l’autre, par la

  1. Le passage qui suit, à partir d’ici jusqu’à la ligne 15 de la p. 63, a été cité au tome II de L’Internationale, Documents et Souvenirs, p. 164.