Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/79

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destructive deviennent salutaires et utiles. Car l’action destructive est toujours déterminée, non seulement dans son essence et dans le degré de son intensité, mais encore dans ses modes, dans ses voies et dans les moyens qu’elle emploie, par l’idéal positif qui constitue son inspiration première, son âme.

Ce qui est excessivement remarquable, et ce qui d’ailleurs a été beaucoup de fois observé et constaté par un grand nombre d’écrivains de tendances très diverses, c’est |112 qu’aujourd’hui, seul le prolétariat possède un idéal positif vers lequel il tend avec toute la passion, à peu près vierge encore, de son être ; il voit devant lui une étoile, un soleil qui l’éclaire, qui le réchauffe déjà, au moins dans son imagination, dans sa foi, et qui lui montre avec une clarté certaine la voie qu’il doit suivre, tandis que toutes les classes privilégiées et soi-disant éclairées se trouvent plongées en même temps dans une obscurité désolante, effrayante. Elles ne voient plus rien devant elles, ne croient et n’aspirent plus à rien, et ne veulent rien que la conservation éternelle du statu quo, tout en reconnaissant que le statu quo ne vaut rien. Rien ne prouve mieux que ces classes sont condamnées à mourir et que l’avenir appartient au prolétariat. Ce sont les « barbares » (les prolétaires) qui représentent aujourd’hui la foi dans les destinées humaines et l’avenir de la civilisation, tandis que les « civilisés » ne trouvent plus leur salut que dans la barbarie : massacre des