Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/86

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que de leurs salaires, est une épreuve excessivement douloureuse. Ils ne gagnent rien, mais leur famille, leurs enfants et leurs propres estomacs continuent de réclamer leur pain quotidien, et ils n’ont rien en réserve. La caisse de résistance qu’ils ont à grand peine réussi à former ne suffit pas à l’entretien de tout le monde, pendant une suite de jours et quelquefois même de semaines. Ils mourraient de faim ou bien ils seraient forcés de se soumettre aux plus dures conditions que voudraient leur imposer |119 l’avidité et l’insolence de leurs patrons, s’il ne leur venait un secours du dehors. Mais ce secours, qui le leur offrira ? Ce ne sont pas sans doute les bourgeois, qui sont tous ligués contre les ouvriers ; ce ne peuvent être que les ouvriers des autres métiers et des autres pays. Et en effet, voilà que ces secours arrivent, apportés ou envoyés par les autres sections de l’Internationale, tant de la localité que des pays étrangers. Une telle expérience, se renouvelant beaucoup de fois, démontre, mieux que toutes les paroles, la puissance bienfaisante de la solidarité internationale du monde ouvrier.

À l’ouvrier qui, pour avoir part aux avantages de cette solidarité, entre dans une section, on ne demande pas quels sont ses principes politiques ou religieux. On ne lui demande qu’une chose : Veut-il, avec les bienfaits de l’association, en accepter pour sa part toutes les conséquences, pénibles parfois, et tous les devoirs ? Veut-il rester quand même fidèle à la section dans toutes les péripéties de cette