Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/88

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vent donner cette éducation pratique à leurs membres, et que seules par conséquent elles peuvent entraîner dans l’organisation de l’Internationale la masse du prolétariat, cette masse, avons-nous dit, sans le concours puissant de laquelle le triomphe de la révolution sociale ne sera jamais possible.

S’il n’y avait eu dans l’Internationale que des sections centrales, ce ne seraient |121 donc que des âmes sans corps, des rêves magnifiques mais sans réalisation possible.

Heureusement, les sections centrales, émanations du foyer principal qui s’était formé à Londres, avaient été fondées non par des bourgeois, non par des savants de profession, ni par des hommes politiques, mais par des ouvriers socialistes. Les ouvriers, et c’est là leur immense avantage sur les bourgeois, grâce à leur situation économique, grâce aussi à ce que l’éducation doctrinaire, classique, idéaliste et métaphysique, qui empoisonne la jeunesse bourgeoise, les a épargnés jusqu’ici, ont l’esprit éminemment pratique et positif. Ils ne se contentent pas des idées, il leur faut des faits, et ils ne croient aux idées qu’en tant qu’elles s’appuient sur des faits. Cette heureuse disposition leur a permis d’éviter les deux écueils contre lesquels échouent toutes les tentatives révolutionnaires des bourgeois : l’académie, et la conspiration platonique. D’ailleurs le programme de l’Association Internationale des Travailleurs, rédigé à Londres et définitivement accepté par le Congrès de Genève (1866),