nistration, Armée et Police, qui ne sont en effet autre chose qu’autant de forteresses élevées par le privilège contre le prolétariat ; et il ne suffit pas de les renverser dans un seul pays, il faut les renverser |124 dans tous les pays, parce que, depuis la formation des États modernes au dix-septième et au dix-huitième siècle, il existe entre toutes ces institutions, à travers les frontières de tous les pays, une solidarité croissante et une très forte alliance internationale.
La tâche que l’Association Internationale des Travailleurs s’est imposée n’est donc pas moindre que celle de la liquidation complète du monde politique, religieux, juridique et social actuellement existant, et son remplacement par un monde économique, philosophique et social nouveau. Mais une entreprise aussi gigantesque ne pourrait jamais se réaliser, si elle n’avait à son service deux leviers également puissants, également gigantesques, et dont l’un complète l’autre : le premier, c’est l’intensité toujours croissante des besoins, des souffrances et des revendications économiques des masses ; le second, c’est la philosophie sociale nouvelle, philosophie éminemment réaliste et populaire, ne s’inspirant théoriquement que de la science réelle, c’est-à-dire expérimentale et rationnelle à la fois, et n’admettant d’autres bases que les principes humains, expression des instincts éternels des masses, ceux de l’égalité, de la liberté et de l’universelle solidarité.
Poussé par ses besoins, c’est au nom de ces principes que le peuple doit vaincre. Ces principes ne