Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/183

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à Pétersbourg. Mais, que voulez-vous, mes chers, qui ne risque rien, n’a rien. Sans le concours du cercle de Pétersbourg vous n’arriverez jamais à nouer des relations commerciales sérieuses en Russie. Le cercle ne devra pas s’immiscer directement dans l’entreprise, il n’aura qu’à indiquer à Straube des hommes aptes à faire ce commerce et qui voudraient s’en occuper. Vous pourriez faire comme nous l’avons déjà pratiqué à Stockholm ; donner un mot pour l’un des membres de notre cercle en m’envoyant son adresse à part ; Straube l’apprendrait par cœur. Vous diriez simplement dans votre lettre que Straube vient de votre part et que vous priez de lui prêter concours en le conseillant et en lui donnant des recommandations nécessaires. Je vous l’assure sur mon honneur, Straube agira avec une prudence tout à fait machiavélique ; il ne fera pas de maladresse qui puisse le compromettre, pas plus que la personne elle-même à laquelle vous l’aurez adressé. Il ne cherchera à rien apprendre au delà de ce qu’on jugera nécessaire de lui confier ; en public, il fera même semblant de ne pas reconnaître la personne avec laquelle il aura conféré secrètement.

Straube exposerait en substance l’affaire à votre ami, dans votre lettre à celui-ci vous diriez seulement que c’est un homme de confiance ; que vous le lui recommandez et que vous le priez de lui prêter son concours. Rappelez-vous, enfin, que nous avons déjà employé deux fois ce procédé. C’était pour Quanten, dont la réponse, que j’aurais dû avoir depuis longtemps déjà, se trouve encore entre vos mains. La deuxième fois, c’était pour Veterhof. Le destinataire était absent et la lettre fut retournée. Je l’ai reçue moi-même et je l’ai brûlée.