Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/24

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Fakelzug — que les étudiants de Berlin avaient organisée en 1842, en l’honneur de Schelling.

« La figure de Bakounine, dit Katkoff, se fixa dans notre mémoire d’une façon très caractéristique. Un jour, les étudiants se réunirent en cortège pour le Fakelzug, afin d’honorer le célèbre professeur. Un grand nombre de jeunes gens stationnèrent devant la maison du jubilaire ; lorsque le vénérable vieillard apparut au balcon, pour remercier de cette ovation, un puissant Hoch ! retentit dans l’air et, dans cette masse de voix, une voix criait plus fort que toutes les autres, c’était celle de Bakounine. Ses traits n’offraient plus qu’une bouche béante, tonnante. Bakounine criait plus fort, apportait plus d’empressement que tout le monde, bien que le jubilaire lui fût parfaitement étranger ; il ne connaissait pas le professeur personnellement et ne suivait pas son cours. »

Katkoff tombe là dans l’exagération, attendu que Schelling n’était pas tout à fait inconnu de Bakounine, comme on peut le voir d’après sa brochure « Schelling et la révélation. » Il suivait même son cours à Berlin. Toutefois, Katkoff nous laisse ainsi entrevoir un des traits les plus caractéristiques de Bakounine, sa facilité à s’inspirer des sentiments du milieu dans lequel il se trouvait, et à les pousser à l’extrême. Enfin, si cette communication de Katkoff était authentique, elle serait encore très caractéristique pour Bakounine, au point de vue de la rapidité avec laquelle il pouvait passer d’une ovation à la polémique, puisque, peu après, il en entama une avec Schelling, dans sa brochure : « Schelling et la révéla-