Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/273

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min, — à toi, la plume, — à moi la parole, les relations personnelles. Sur la route parcourue, nous avons rencontré beaucoup d’illusions et nous-mêmes, nous avons commis beaucoup d’erreurs ; mais je ne me laisse pas intimider si facilement ! Grâce à la persévérance que nous avons apportée dans nos efforts, je puis affirmer que nous avons obtenu aussi certains succès qui sont très encourageants ; surtout dans ces derniers temps ils furent nombreux.

À propos, il semble que le gouvernement russe se propose de me traquer jusque dans ma retraite éloignée, à Naples. J’ai appris un de ces jours, que le préfet de cette ville, il Marchèse Gualterio, cet archipatelin, ce politicien mesquin au service de l’État, avait avisé Rangozzi de ses soupçons sur mon compte et lui avait dit que j’étais le promoteur et le meneur du mouvement en Sicile, notamment à Palerme, et en général, dans l’Italie Méridionale ; que je fabrique de faux billets de banque et que je les fais écouler dans les dites provinces. Je ne doute pas que ce ne soit mon ancien bon ami de Paris, Kisseleff, actuellement ambassadeur à Florence, qui a mis la main à cette affaire. J’espère avoir des renseignements exacts à ce sujet et de prendre mes mesures à temps, pour leur résister.

Je regrette, je le regrette infiniment, que vous suspendiez la publication de la Cloche ; il me semble que si j’étais à votre place je ne m’y serais pas décidé. Il est facile d’en finir, mais il n’en sera pas de même pour recommencer. Ce sera un triomphe de plus pour nos ennemis de la Russie et du dehors — peut-être aussi pour les blancs-becs de Genève. J’ai ouï dire que dans ce dernier temps les articles de la Cloche étaient de nouveau très