Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/287

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circonstance, Bakounine voulait s’isoler de Herzen. L’impopularité de ce dernier dans un certain milieu révolutionnaire russe était si grande à cette époque, que d’après le témoignage de Léon Illitch Melchnikoff, Herzen, même en sa qualité de publiciste fut considéré par certains d’entre eux comme au-dessous de M. Elpidine, avec lequel Bakounine édita le premier numéro de la Cause du peuple. « Elpidine, n’est pas si spirituel que Herzen, disait-on, en les comparant l’un à l’autre, mais aussi, combien dût coûter cher aux paysans appartenant au père de Herzen l’instruction littéraire que celui-ci fit donner à son fils !

Autant que nous pouvons en juger, cette lettre de Herzen avait été écrite dans un moment d’irritation et d’emportement ; pour cette raison même, elle ne devait pas être livrée à la publicité en 1867. Il n’y est guère question d’ailleurs de toute la dernière génération russe, mais seulement de ceux des révolutionnaires dont Bakounine lui-même reconnaissait les défauts (Drag.).



LETTRE DE BAKOUNINE À OGAREFF


14 juin 1868. Clarens. Basset-Puenzieux.


Salut à toi aussi. Je suis content que ma défense contre le général vous ait plu. Et comme Herzen est un bon juge en ces matières, je me suis décidé, grâce à son encouragement, à publier mon pamphlet en le faisant tirer à mille exemplaires, ce dont je télégraphie à Tchernetzki, afin d’obliger mon général. Prie de ma part Tkhorjevski de m’en envoyer ici deux cents exemplaires et d’expédier le restant chez vos libraires en Allemagne, sans oublier Berlin, Leipzig et Dresde, ni Posen et la Galicie, c’est-à-dire, Lemberg et Cracovie ; d’en envoyer aussi à Londres et à Paris, enfin, si possible, à Marseille, à Bruxelles, à Florence, à Zurich, à Turin, à Gênes et même à Cons-