Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/327

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je ne serai plus disposé, je ne pourrai pas et ne devrai pas rétracter mes paroles, que je ne voudrais pas faire un seul pas en arrière. Voudra-t-il, oui ou non, accepter ces conditions, cela dépendra essentiellement de votre attitude vis-à-vis de moi : il l’acceptera si vous le demandez, dans le cas où vous jugez juste, utile et nécessaire de me prêter en même temps votre appui. Je vous ai exposé toute cette affaire et j’ai fait de mon mieux pour vous convaincre. Il ne me reste plus à présent qu’à attendre sa réponse et la vôtre aussi. Si toutes les deux sont satisfaisantes, si vous vous décidez à éliminer les malentendus et à vous débrouiller des équivoques dans lesquels il nous a tous impliqué, si vous me donnez la garantie que nous pourrons continuer de travailler pour notre cause en nous appuyant sur une base plus solide et plus réelle — notamment sur les bases et dans les conditions que je vous ai proposées dans mon épître — j’irai chez vous, sinon, je m’y refuse. Qu’irais-je faire à Genève ? Et d’ailleurs, où prendrais-je l’argent nécessaire, pour effectuer ce voyage ? Je suis réduit à la ruine complète et je ne trouve point d’issue. J’ai des dettes à payer, mais ma bourse reste toujours vide, je n’ai pas seulement de quoi vivre. Et je ne sais plus comment faire ? À la suite de ce malencontreux accident avec L. tous mes travaux de traductions doivent être suspendus. Et je ne connais aucune autre personne en Russie. Bref, ça ne va pas du tout. J’ai tenté encore quelques derniers efforts pour faire sortir mes chers frères de leur torpeur. S’éveilleront-ils enfin ? Je n’en sais rien. Je vais attendre leur réponse.

Puisque même, ici, je ne parviens pas à joindre les deux bouts, comment pourrais-je y réussir à