Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/385

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tant ? En effet, il était déjà très fatigué par sa vie agitée et surtout par la maladie qui, bientôt, le conduisit au tombeau. Bakounine pouvait désirer une telle fin. Sa mort, en de telles circonstances pourrait exciter l’esprit révolutionnaire chez les Bolonais. Bakounine arriva. Dans les environs de Bologne, quelques armes furent distribuées aux paysans qui errèrent dans les taillis des montagnes, attendant que l’msurrection commençât dans la ville. Mais personne n’en donnait le signal ; Bakounine l’attendit en vain dans la chambre d’un petit hôtel. Enfin, les paysans perdirent patience et quelques-uns d’entre eux jetèrent leurs armes dans les bois, où elles furent trouvées par une patrouille de gendarmes ; la police en conçut des soupçons. Quelques jours après, un paysan qui était du complot vint à Bologne avec une charge de foin dans laquelle il cacha Bakounine et l’emmena ainsi à la station du chemin de fer, d’où il se dirigea sur Locarno. À la suite de cette aventure il nota sur son carnet[1] : « Entrevue avec des amis. J. toujours froid, C. toujours stupide. Rupture complète ».

C’est dans cette forme que nous tenons le récit de tous ces détails de deux personnes qui étaient très proches de Bakounine pendant les dernières années de sa vie. Il avait même l’intention de dicter à l’une d’elles ses mémoires.

Il lui montra son cahier de notes et voulut lui remettre, avant son départ pour Berne, tous ses papiers enfermés dans une malle. Ce voyage à Berne, pour une consultation, était exigé par le progrès de sa maladie qui lui occasionnait de très grandes souffrances. Il mourut dans cette ville, ayant auprès de lui un ouvrier italien presque illettré qui lui fut chaleureusement dévoué.

Après la mort de cet Italien, les papiers de Bakounine restèrent entre les mains de sa veuve qui se remaria avec l’avocat Gambuzzi à Naples, et mourut aussi. C’est donc chez ses héritiers qu’il faut chercher les papiers de Bakounine parmi lesquels se trouvent les lettres de Herzen, d’Ogareff et autres, de même que son cahier de notes et des fragments de ses mémoires.

Bien entendu, nous donnons ces détails sous toute réserve, et nous serons les premiers à nous féliciter si les erreurs et les inexactitudes qui auraient pu se glisser dans notre récit étaient corrigées par des personnes mieux renseignées et mu-

  1. En français (Trad.).