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REINE D’ARBIEUX

où il avait vu partir le Lotus, comme il arrivait chez lui, fourbu, un métayer arrêtait sa carriole devant le portail. Il était porteur d’une lettre. Sans même entrer dans la maison, Germain avait remis le moteur en marche.

Une demi-heure après, son auto s’arrêtait devant le perron. Clémence avait été au-devant de lui, et tous deux s’étaient entretenus longtemps au salon. Reine était couchée. Il n’avait pas voulu entrer dans sa chambre.

Ce n’était plus l’homme écrasé qui avait cherché la veille une lueur d’espoir dans le petit castel. Depuis que Reine était retrouvée, Adrien parti, son orgueil ulcéré reprenait ses droits. Il avait la main sèche et chaude. Tout le temps que Clémence lui parla, il tint ses yeux fixés à terre, contenant avec peine son irritation.

— Qu’est-ce que c’est que ces histoires ?

À ce moment-là, il n’avait plus le désir de revoir sa femme ; tout en lui était consumé, aride, comme une lande après l’incendie. La conduite de Reine lui faisait horreur. Elle l’avait déshonoré. Il la méprisait. Si elle avait paru ce matin-là, accablée, en larmes, il eût été impitoyable.

— Maintenant c’est fini… J’ai trop souffert !

Clémence n’avait pas insisté. Elle savait qu’une douleur éclate comme une maladie, avec des alternatives de chaud et de froid, de fièvre ardente et d’abattement, et que le temps seul répare ses profonds ravages. Elle ne lui demanda pas de revenir. Mais quand il l’eut quittée, sans un mot