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REINE D’ARBIEUX

cate n’entretînt dans son cœur des regrets mêlés de mélancolie. Il aimait sa mère. Il souffrait d’être sans foyer. Qu’avait-il trouvé au Sénégal sinon une déception, bientôt suivie d’une lente défaite ? Il ne pouvait d’ailleurs en être autre­ment. Pas d’énergie physique ! Pas d’argent ! Chaque jour l’enlisait davantage dans sa position subalterne.

« Un garçon charmant, un rêveur, » avait jugé au premier coup d’œil l’agent principal.

Après quatre ans, son opinion n’avait pas changé. Mais il estimait son intelligence, son honnêteté. Régis s’était rendu sympathique. Il savait deux langues. À défaut de la situation qu’il avait d’abord espérée, un avancement honorable et modeste lui était promis. Piètre résultat ! N’aurait-il pas mieux valu prendre le sac de l’explorateur, l’outil du pionnier ? Pendant ces quatre ans, bien des occa­sions de tenter sa chance s’étaient présentées ; que de chercheurs d’or et d’aventures avaient fait escale à Dakar : colons en quête d’une concession, marchands de bois, de gomme ou d’ivoire, prospecteurs prêts à descendre vers le Congo, représentants de puissantes compagnies anglaises, allemandes ou hollandaises. Des associations lui avaient même été offertes : il inspirait confiance, il plaisait. S’il l’avait voulu, il aurait pu être sur la Côte d’Ivoire planteur de bananiers et de cacao ; ou encore, en Afrique équatoriale, à la tête d’une équipe de forestiers. Chaque fois, une sorte de vertige l’avait étourdi. Était-ce manque d’imagination ou de