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REINE D’ARBIEUX

mariée depuis longtemps. Et avec qui ? Avec un Sourbets ! Lorsque cette nouvelle l’avait frappé, au Sénégal, avec la cruauté des choses déjà accomplies, il était tombé dans une sorte de torpeur morale comme si désormais tout était inutile.

Quand il se retourna, sa mère lui sourit :

— Enfin, tu es content ?

Elle lui demanda si les affaires l’intéressaient. Comment pouvait-on travailler quand la chaleur était étouffante ? Et les moustiques ? La fièvre jaune ? Dieu merci, il n’avait pas été malade.

Régis avait l’impression de l’entendre en songe. « Pourquoi ne lui demanderais-je pas des nouvelles de Reine ? » pensa-t-il tout à coup.

— On dit qu’il y a eu des difficultés dans son ménage, dit doucement Mme Lavazan. Maintenant tout va bien… C’était au début. Germain, paraît-il, était jaloux…

Elle parlait avec hésitation, comme gênée de revenir sur ces choses déjà si anciennes, si mal connues, et craignant de poser le doigt sur une fibre à vif.

Il l’interrogea :

— Jaloux de qui ?

Circonspecte, elle lui confia qu’un cousin de Sourbets aurait été mêlé à toutes ces histoires. Mais que savait-on ? D’ailleurs il avait quitté le pays. Et Reine avait eu deux enfants, deux petits garçons ; elle s’était transformée, elle donnait l’impression d’être très heureuse.

— Bernos, dit lentement Régis, je l’ai retrouvé